Les Vergeltungswaffen, ou V1 : la première bombe volante opérationnelle
Le V1 est désigné officiellement sous le nom « Fi 103 » (en référence à la société de construction aéronautique Fieseler qui a activement pris part à son élaboration), il change ensuite afin de devenir « FZG 76 » (pour « Flak Ziel Gerät type 76 » qui signifie « engin cible de Flak » – le terme Flak désignant la défense antiaérienne).
Les Vergeltungswaffen (littéralement « armes de représailles » en allemand), ou V1, sont utilisés par l’Allemagne à partir du 13 juin 1944 et jusqu’à la fin du mois de mars 1945. Cette arme est inédite pour l’époque, elle est le fruit d’un long travail de recherches amorcé dès le début des hostilités par les scientifiques de l’armée allemande. Menés en secret, ces travaux conduisent à l’élaboration d’un aéronef dépourvu de pilote, doté d’une charge explosive et d’un pulsoréacteur. L’objectif de l’état-major du Reich est simple : compenser la faiblesse de l’aviation allemande concernant les bombardiers lourds à long rayon d’action par rapport aux forces alliées.
À l’été 1943, s’ouvrent les premiers chantiers des sites de lancement en France, tous situés à proximité des côtes de la Manche. Avant même leur mise en service, certaines de ces bases sont repérées et pilonnées par l’aviation alliée. Malgré cela, les premiers tirs de V1 ont lieu dans les derniers jours du printemps 1944. L’objectif du V1 est avant tout psychologique : en frappant de manière aveugle la population des grandes villes du sud de l’Angleterre, l’état-major allemand espère affaiblir le moral et la détermination des Britanniques. Pour être efficace cette stratégie requière un bombardement intensif.
Suite au débarquement du 6 juin 1944, les Allemands sont progressivement contraints d’abandonner leurs bases de lancement en France. Dans les derniers mois de l’année 1944, les tirs de V1 se poursuivent depuis de nouveaux sites implantés en Belgique et en Allemagne. Cette fois-ci ce sont les principales agglomérations belges, récemment libérées par les Alliés, qui sont visées. En janvier 1945, alors que le Reich est de plus en plus acculé, une ultime tentative de bombardements du sud de l’Angleterre grâce à un V1 à plus longue portée est lancée, en vain.
Le 30 mars 1945 à 8 h est tiré le dernier V1 de l’histoire.
Le V1 ne doit pas être confondu avec le V2, une fusée dotée d’une charge explosive, qui sera introduit à partir du 8 septembre 1944. Le V2 fait également partie des Vergeltungswaffen bien que son principe fut étudié dès le début des années 1930 par la Reichswehr, avant même l’accession d’Hitler au pouvoir.
Les caractéristiques du V1
Le V1 est un aéronef sans pilote doté d’une charge explosive et d’un pulsoréacteur. Il existe huit versions de V1 (certaines fonctionnelles d’autres se limitant au stade du projet), ici nous nous focaliserons sur la version « A1 », la version la plus courante. On considère le V1 comme une arme dite de « saturation », c’est-à-dire que l’on recherche davantage l’impact psychologique sur les populations civiles que la précision. Pour être efficace, il doit donc être produit en grande quantité et son coût doit être limité. Le V1 a pour but de faire peser une menace permanente sur le sud de l’Angleterre, cette arme qui frappe à l’aveugle doit affaiblir le moral et la détermination de la population.
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Les V1 dans les vallées de la Bresle et de l’Yères
Entre la Bresle et l’Yères, les forces armées allemandes ont déployé plus d’une vingtaine de sites de lancement V1, certains ont été opérationnels, d’autres non, n’ayant pu être achevés à temps du fait de l’avancée des Alliés ou ayant été repérés et bombardés par l’aviation alliée. L’essentiel de ces installations était braqué vers Londres, des villes du sud de l’Angleterre comme Southampton ont également pu être prises pour cible.
Dans la nuit du 12 au 13 juin 1944, sur les sites de lancement du Poteau de Montauban à Guerville et du Mont Gournoy à Aubermesnil-aux-Érables et Rétonval, ont été tirés (de sources sûres) les premiers V1 de Seine-Maritime. L’ensemble de ces sites a régulièrement été pilonné par des raids de l’aviation britannique, américaine et même française de la RAF. Certains d’entre eux ont été neutralisés à la suite de ces intenses bombardements.
Après-guerre, ces sites de lancement ont été démontés (en dépit des bombardements certains étaient jusqu’alors restés presque intacts), les matériaux de construction utilisés étaient ainsi récupérés pour permettre la reconstruction des villages alentours. Progressivement la nature a repris ses droits et le temps a fait son œuvre, cela explique l’état variable des différents sites présents sur le territoire.



